29 mars 2015

Billet d'humeur : Le Luxe à la française

Peninsula Paris, détails du rooftop


On raconte en ce moment même que l'industrie du luxe se porte bien. Toujours intriguant d'ailleurs de pouvoir associer deux mots qui pourraient paraître antinomiques.

Si une crise économique étouffe le monde depuis maintenant plus de quarante ans, avec chaque année l'espoir que reviennent croissance et plein emploi.
Que les pays émergents sont maintenant devenus puissants.
On observe surtout que ceux qui peuvent avoir accès au luxe sont  de plus en plus nombreux et en quarante ans aussi ont changé d'origine géographique.


Pour pouvoir prétendre il y a encore quelques années à un poste d'hôte ou d'hôtesse de vente dans une boutique de l'avenue Montaigne ou du faubourg Saint Honoré,mentionner savoir parler japonais sur un cv pouvait faire la différence. Aujourd'hui, maîtriser le russe ou quelques rudiments de  chinois-mandarin deviennent quasiment un impératif.

Et c'est cette même clientèle que l'on a vu évolué dans les couloirs des établissements de prestige.
Même si le rire de riches américains se fait encore entendre dans les lobbys, de nos jours, la clientèle a davantage à composer avec l'accent de ces nouveaux eldorados issus de l'Est. 

Et cette évolution de la clientèle a,dans un sens, aussi, contribué à une évolution de l'offre. Une offre, qui continue à se bonifier, tel un grand vin, voire à entamer une révolution quasi constante pour maintenir en France et notamment dans la capitale un standard proche de l'exigence. 


Shangri La Paris, Grand Salon


En témoignent les fermetures très longues pour rénovation de palaces comme le Crillon ou le Ritz dont les réouvertures sont sans cesse repoussées.
Envie de bien faire ou problèmes d'investissement, telle n'est pas la question.
D'ailleurs, notons à ce titre que ces vaisseaux ne font plus partie depuis longtemps du patrimoine français, en passant sous la coupe de fonds qataris, saoudiens ou chinois.
Les trois grandes signatures de l'hôtellerie de prestige asiatique, le Shangri La, le Mandarin Oriental et plus récemment le Peninsula ont en effet permis de combler ces dernières années le manque de chambres haut de gamme dont souffrait jusqu'à alors la capitale.
Leur installation n'a d'ailleurs pas impacté le taux de remplissage des 8 palaces parisiens.
Sachant que la clientèle du Ritz s'est reportée sur le Park Hyatt Paris Vendôme pour rester au cœur de Paris, et celle du Crillon vers le Bristol, un établissement similaire en terme de décoration et services.
La situation pourrait néanmoins évolué avec l'ouverture du Cheval Blanc à la place de la Samaritaine dans quelques années.

Donc le terme de luxe "à la française" pour l'hôtellerie pourrait paraître aujourd'hui compromis.
En revanche, ce que soulignent les investissements étrangers certes mais colossaux, c'est bien la volonté de pouvoir perpétuer le savoir-faire et la beauté de ces lieux chargés d'histoire.






Il suffit pour cela d'assister à la renaissance de bâtiments au long passé historique dans lesquels sont installés le Peninsula et le Shangri La par exemple. Leurs détracteurs relèveraient ces notes ou touches asiatiques que l'on observe au niveau de la décoration intérieure , mais  la volonté première a bien été de sublimer le luxe et la tradition française. Salons, chambres et suites peuvent aujourd'hui en témoigner.  
Et après tout, quoi de plus original que de commencer sa journée avec des dim sums, comme à Hong Kong, face à la Tour Eiffel dans une chambre à l'étonnant classicisme signé par l'un des architectes d'intérieur français les plus en vue du moment.

La rénovation du Plaza Athénée, avenue Montaigne a contribué elle aussi à valoriser les métiers d'art et d'artisanat français dans la réfection des salles de restaurant et chambres de l'hôtel. Travail du cristal, ferronnerie, marbre, aucun métier ne semble avoir été oublié.

Et c'est en ça que c'est intéressant.
Car à la différence justement de l'Industrie du luxe, et de ces écarts permanents à vouloir sans cesse délocaliser pour augmenter ses marges.  Personne ne semble désormais dupe. Les scandales qui ont touché ces derniers mois les plus grandes maisons de couture ou de maroquinerie comme Chanel, soupçonnée d'avoir dérobé un modèle de broderie pour pouvoir le reproduire non pas en France mais dans un atelier en Bulgarie, ou Louis Vuiton qui ne pourrait plus vraiment se prévaloir d'un made in France à 100%.


Ritz Paris, avant travaux


L'hôtellerie, elle, dans la mesure où elle propose un service, semble encore bien acquise à garder ce savoir-faire sur place.
Et c'est bien là la différence quand on doit aborder cette notion  de luxe à "la française". Seule l'hôtellerie et la restauration d'exception peuvent encore être les garants de cette égide française, quand les maisons de couture, de joaillerie ou tout autres produits manufacturés n'ont pas su résister aux lois du marketing et du profit.
Peu importe l'origine des sources de financement de l'hôtellerie, puisque le désir moteur semble de pouvoir valoriser l'élégance, l'harmonie et cette signature que les voyageurs du monde entier viennent ici chercher.

Comme si palaces et tables d'exception devenaient alors le seul refuge et le dernier bastion d'un savoir faire que ne sauraient atteindre  les affres de la délocalisation, du bas de gamme et d'une recherche d'un profit à tout prix.


FXJ*




Visuels Shangri la Press Center
Visuels Peninsula International Press Room
Visuels LHW Ritz Paris Press Room
Vidéo Youtube Peninsula Paris


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